“Il n’a pas pris une ride”
“Dès 1955, il venait à peu près tous les soirs au théâtre, il y avait un piano et nous travaillions là à créer des chansons. Puis nous allions les montrer aux interprètes de l’époque… qui n’en voulaient pas. Et que je trouvais magnifiques. J’ai fini par dire à Claude que j’en avais marre, que c’est lui-même qui les chanterait. Il a d’abord refusé, puis je l’ai traîné de force en studio. On a fait une maquette que j’ai ensuite proposée à Jacques Canetti, alors grand patron chez Philips. Or, lui non plus n’en voulait pas. Je lui ai répondu qu’il ne s’était jamais trompé et que, tout à coup, il allait rater un grand de la chanson française. “
Michel Legrand a finalement enregistré lui-même ce premier disque de Claude Nougaro, qui s’est vendu “formidablement bien“. Nougaro fut propulsé illico au firmament de la chanson française.
Les chemins de Legrand et Nougaro se sont ensuite séparés.
“Vers 1962-63, je n’avais plus le temps pour continuer avec lui. De temps en temps, on se retrouvait pour des occasions spéciales. On allait dîner, on se voyait dans des réunions, on jouait exceptionnellement ensemble. Un jour, par exemple, on avait été invités à se produire ensemble à Toulouse (d’où Claude est originaire), sans orchestre. J’avais passé deux jours chez lui à boire, manger, rire, imaginer l’avenir ou évoquer nos souvenirs communs. Au terme de ces deux journées, nous avions fait ensemble un concert extraordinaire.“
*Extrait du livre et du coffret “Mes 50 ans de chansons françaises ».