“Un jeune homme correct et timide”
Jacques Brel, alors inconnu du public, m’a fait parvenir une maquette de disque. Je l’ai écouté un soir de mai 1953 à minuit aux Trois Baudets. J’ai tellement été impressionné que j’ai téléphoné sur le champ à Bruxelles pour faire dire à Brel que je voulais le voir dans les plus bref délais.
De 1953 à 1958, je l’ai fait passer dans mon petit théâtre des Trois Baudets dans six spectacles à toutes les places imaginables.
Mais sa carrière dans le disque mit du temps à démarrer. Il fallut attendre que sa chanson Quand on n’a que l’amour, que je lui fis enregistrer, obtienne le Grand Prix du Disque pour que Philips abandonne son attitude hésitante. Les choses changèrent à partir de 1958, toutes ces chansons auxquelles personne n’avait cru devinrent des classiques.
Brel était sans cesse préoccupé par le problème de la musique. Il a essayé tous les arrangeurs : André Grassi, André Popp, Michel Legrand, avant de se fixer sur François Rauber et Gérard Jouanest. Il prit la décision de quitter Philips en 1962, en même temps que moi. Mon dernier service aura été de confier la suite de sa carrière au plus doux et plus patient des Marouani : Charley.
Comme pour Brassens et Guy Béart, l’ensemble de son oeuvre enregistrée reste le témoignage précieux et impérissable d’une grande époque du music-hall français.*
*Extrait du livre et du coffret “Mes 50 ans de chansons Françaises».